Auteur : Peladan Joséphin
Ouvrage : Les idées et les formes La doctrine de Dante
Année : 1908
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La Vita Nuova se présente à nous, par sa date, comme le premier mot d'une immense énigme. A neuf ans, Allighieri vit pour la première fois une fillette également âgée de « neuf » ans. Dès lors l'amour s'empara de son âme. Neuf jours après les neuf ans, depuis l'apparition de cette très noble créature et merveilleuse dame, elle se montra au poète... L'heure à laquelle elle lui fit grâce de son doux salut était précisément la neuvième heure du jour. Le Dante a pris soin de se commenter lui-même : « Parce que le nombre neuf s'est offert souvent dans ce que j'ai dit, et que Ton peut, croire que cela n'a pas été sans raison ; qu'en outre ce nombre remplit un grand rôle, surtout à sa mort, il me faut en dire quelque chose. Je dirai d'abord comment le nombre neuf intervint dans l'événement de sa mort ; puis je signalerai quelques raisons pour lesquelles ce nombre fut tellement favorable à cette Dame. Je dirai donc que la belle âme de cette Dame s'est séparée de son corps pendant la première heure du neuvième jour du mois, et selon l'usage de Syrie pendant le neuvième mois de l'année qui équivaut chez nous au mois d'octobre, et, selon notre usage, elle quitta cette vie dans cette année du Seigneur en laquelle le nombre parfait (10) s'était écoulé « neuf» fois dans^ce siècle. « Si l'on désirait savoir pourquoi ce nombre neuf sympathisait autant avec elle, je pourrais en donner une raison probable, car il y a neuf cieux et ces neuf cieux se transmettent ici-bas les diverses combinaisons harmoniques auxquelles ils sont soumis là-haut. Ce nombre fut ami de Béatrix ; quand elle fut engendrée, tes neuf mobiles s'harmonisaient parfaitement ensemble. Voilà déjà une de ces raisons. Mais en pénétrant plus au fond de la chose, selon l'infaillible vérité, ce nombre fut Béatrix elle-même. « Voici comment j'entends la chose : le nombre trois est la racine de celui de neuf, qui, sans l'aide d'un autre nombre et multiplié par lui-même, fait neuf. Donc si le trois par lui-même est facteur du neuf, et si le facteur des merveilles est par lui-même trois, Père, Fils, Saint-Esprit, c'est qu'ils sont neuf pour donner à entendre qu'elle était un neuf, c'est-à-dire une merveille dont la racine est seulement l'adorable Trinité. Peut-être pourrait-on, par des raisons plus subtiles encore établir cette vérité... » II n'est pas besoin de recourir à la Kabbale, puisque le gibelin a défini luimême le symbole numérique avec une extrême clarté. Béatrice fut l'incarnation d'un nombre; mais à supposer qu'il s'agit d'amour dans la Vita Nuova, le nombre d'e la femme est 2, et 6 celui de la sexualité. La neuvième carte du Tarot s'appelle l’Ermite, et représente un vieillard couvert de la bure franciscaine, qui se dirige prudemment, tenant d'une main une lanterne (V. dans la Clé de Rabelais (Sansot) la signification de Dame Lanterne comme figure de l'initiation et les spécimens de langage lanternais, argot corporatif de la fin du xve siècle.), et de l'autre un bâton de pèlerin, exacte figure du pauvre volontaire qui suit un idéal que les autres ne voient pas. Les commentateurs ont essayé de découvrir dans ces expressions un mélange de mysticisme et de kabbalisme, et une manifestation purement littéraire du mauvais goût d'alors. Ce qui les a conduits à cette erreur c'est que les sonnets de la Vita Nuova n'apparaissent pas isolés, ils s'intercalent dans une série antérieure au Dante et qui se développa ensuite jusqu'au xvi siècle. L'épithète de Vie neuve ou nouvelle appliquée à la neuvième année, n'a aucun sens. Que serait donc la vie vieille, vita vecchia ? Celle des langes et de l'abécédaire ? Quel enfant ou quel homme à la vue d'une petite fille s'écriera : Ecce Deus fortior me, qui veniens dominabitur mïbi, et trouve en pleine Florence de 1256, que la petite fille paraît née « non d'un mortel mais d'un Dieu ». Si nous acceptons ces expressions comme nées du délire passionnel, le poète nous démentira: « la noble vertu dont elle était douée, ne permit jamais que l'amour me guidât sans le fidèle conseil de la raison. » Les commentateurs ont jugé plus simple d'assimiler les sonnets d'Alighieri au sonnet d'Oronte, et d'y voir un maniérisme spécial, une préciosité, un jargon amoureux, que d'accepter le problème d'une si singulière inspiration. A l'analyse, on ne trouve ni concetti, ni gongorisme, mais au contraire une solennité d'expression telle que les versets de Jérémie et du Psalmiste s'intercalent naturellement dans cette oeuvre prétendument galante. ...
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